Par Anonyme
Illustration par Frédérique Bergeron

« Il s’agit ici d’une seule vision du féminisme parmi tant d’autres, soit la mienne. Ce poème matérialise un changement substantiel qui a traversé mes agitations féministes. Naguère, je n’assumais pas ma candeur ni mon excentricité. Je croyais que pour réussir dans notre société, il fallait user d’agressivité et d’intelligence logico-spatiale. Puis, un de mes enseignants du CEGEP m’a fait réaliser que, pour vaincre l’inégalité des sexes, il faut que je prenne confiance en mes ardeurs, valeurs et vertus que j’émane. Un vent en moi s’est soufflé et me guide continuellement depuis ».
Asphyxiées par l’hégémonie masculine
Nous sommes paralysées, terrorisées
Fragile est notre fleur aux pétales fanées
L’égalité semble utopique, la femme s’incline
Étrange floraison, nos vertus se perdent dans les affres
Candeur et douceur sont des idéaux qui souffrent
Dans un monde où le succès rime avec brutalité
Quel triste désastre est cette définition de la féminité !
Malgré les discordes orchestrées, la parité résonne
L’idée de s’émanciper, nous, femmes, se façonne
Mais… comment cultiver ce jardin de la diversité ?
Les obstacles se multiplient, ils sèment l’ambiguïté
Certaines disent :
Messieurs, accordez-nous cette place qui nous est dues
Exécutez ! Sinon nous saisirons vos monopoles à votre insu
D’autre contredisent :
Mesdames, soyez agressives, fortes et aiguisées
Possédez les vertus masculines ! Sinon vous serez dominées
Est-ce dans ce contexte où les discours se sont fragmentés ?
Est-ce dans ce néant que les convergences se sont disloquées ?
Est-ce dans ce climat glacial que le féminisme s’est perverti,
Où la violence prédomine, obnubilée par la suprématie ?
Oui, baignées dans cet environnement, nos pleurs sont douleurs
La féministe que j’étais dissonait, ingrat semblait mon cœur
Qui étais-je à vouloir incarner le bonheur avec douceur ?
Qui étais-je à chasser le rejet des hommes avec ardeur ?
Ainsi, j’avais peur, j’étais perdue dans l’amertume
L’estime que j’avais de moi-même fuyait dans la brume
Tristesse occupait les terreurs de ma chair
Cynique était la couleur de mes rêves éphémères
C’est alors qu’une voix m’a giflée,
M’a crié ses profonds soupirs
De penser à moi, à mon intégrité
À la féministe que je suis et celle de mon avenir
Alors.
Le vent m’a frappée, une tempête s’est déclenchée
Me voilà tourmentée, la tête pleine d’idées
Confiance et persévérance transcendaient mon agitation
Ma paralysie s’est effacée, tuée par mes nouvelles ambitions
J’ai pensé :
Et si mon être est une fleur somptueuse
Excentrique, élégante et naïve… et vertueuse !
Que mes pétales promettent une plus belle société
Et que celle-ci va m’offrir le trône que j’ai espéré
Et si chaque personne avait leur propre couleur
Que chacun porte une fleur, à proximité de leur cœur
Que nous devons émaner pour contribuer à la communauté
Est-ce ainsi que l’on forme ce jardin de la diversité ?
Clé du succès serait donc tolérance et sagesse
Chassons la suprématie et faites qu’elle se confesse
Usons de notre ouverture et de notre confiance illuminée
Une société commence avec ses habitants émancipés
C’est donc sans regret que j’annonce notre décès
Celui de la femme violente et incomprise
Pars dans les humbles silences, inutiles sont tes idées
Tes adieux font place à une femme assumée, fleur libérée
Femme, tu es si belle. La fleur que tu émanes illumine, peu importe les vertus que tu exposes. Tu n’as pas à te camoufler dans les normes sculptées par l’hégémonie masculine. Tu n’as pas à lutter, à perdre tes trippes et ton sang, contre l’oppression… Le combat commence au plus profond de toi. Prends le temps de t’aimer, de t’assumer. La société a besoin de toi, dans toute ta féminité (d’ailleurs, les définitions de celle-ci sont éparses… et c’est magnifique). Tu verras, l’égalité sera harmonieuse et une place te sera obligatoirement offerte, elle n’attend que ton assurance et ton authenticité.
C’est ce que j’ai compris, il y a de cela quelques années. Inutile d’être une mathématicienne, une boxeuse ou quelque chose qui n’est pas moi pour réussir. Ma candeur et mon altruisme sont des atouts à mes succès. Je suis fière de la femme que je suis. Je suis fière d’être gentille, émotive, rayonnante et attentionnée… je suis fière d’être moi. Ce que j’espère de toi, chère belle personne, c’est que tu sois intègre avec tes valeurs. Affectionne un amour-propre sans égard envers toi-même… dieu du ciel que tu le mérites.
La société va t’aimer. Si ce n’est pas le cas, elle sera obligée de t’aimer puisque tu vas t’imposer dans celle-ci. Prends confiance, je te promets que tout va bien aller.
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